Petit historique du Tarot de Marseille
Un jeu de Tarot est constitué d’images toutes numérotées sauf une, 78 au total dont 22 arcanes dits majeurs et 56 arcanes dits mineurs.
L’histoire de son origine suscite toujours beaucoup d’hypothèses et de discussions chez les historiens et autres exégètes et je ne m’ étendrai pas sur cette question cependant passionnante.
Un premier repère : en 1759, les deux premiers volumes de l’Encyclopédie (Dictionnaire raisonné des sciences, des Arts et Métiers) de Diderot et d’Alembert sont interdits.
Défini par Diderot comme un inventaire des «connaissances éparses sur la surface de la terre» à «exposer aux hommes avec qui nous vivons» et «à transmettre aux hommes qui viendront après nous… », ce colossal ouvrage subit la censure, mais l’acharnement du philosophe et le soutien de quelques autres ont permis que nous parviennent le résultat de 25 ans de travail.
Alors que l’interdiction royale sous l’influence de gens bien-pensants s’exerce à l’encontre de l’Encyclopédie, le parallèle avec le Tarot devient une évidence :
En 1760, au même moment, Nicolas Conver, Imagier du roi, grave sur des moules en bois de poirier avec une belle maîtrise les dessins des 78 cartes.
Ces moules conservés à la Bibliothèque Nationale ont servi à imprimer le jeu de tarot et attestent que le Tarot de Conver était – si ce n’est le plus ancien – du moins le plus complet.
Les cartes ainsi imprimées instruisent les analphabètes, comme un livre illustré, à la manière d’une bande dessinée, facile à emporter partout.
Au-delà de ces traits dont la naïveté n’est qu’une apparence, on découvre si on prend la peine de s’y pencher, des codes cachés, des sens occultes qui parlent d’astronomie, d’astrologie et de connaissance spirituelle, ce Gay Sçavoir selon le mot de Rabelais.
Ce langage secret n’aurait-il pas été posé là, plusieurs siècles en arrière, par les Bâtisseurs de cathédrales, frères des Templiers arrêtés en 1312 et torturés par Philippe Le Bel avec l’assentiment du Pape.
A la dissolution de l’Ordre des Templiers par l’Eglise, les Compagnons initiés, rescapés se sont réfugiés dans d’autres ordres religieux et ont continué de transmettre leur Savoir par tous les moyens à leur portée, dont le dessin.
Ainsi, ce n’est plus par la pierre des cathédrales que la Connaissance va être transmise aux générations à venir.
Il fallait absolument préserver non plus un Savoir technique mais la Connaissance cette fois spirituelle, héritée des Initiés et la protéger de manière codée, non pas dans un livre en plusieurs volumes, mais dans des bouts de cartons colorés.
Le célèbre occultiste Eliphas Levi disait du Tarot qu’il était une « clavicule universelle » du latin clavicula, petite clé.
Par cette clé nous sont donnés des jalons pour ne pas se perdre, comme un chemin que nous sommes libres ou non de suivre, un sésame pour trouver solution aux problèmes.